Un petit chemin en graviers amène les visiteurs jusqu’au magasin de la chèvrerie des Hauts prés. Avec sa toque sur la tête, Louis Martel les accueille avec un grand sourire. Le jeune homme de 25 ans est passionné par l’élevage depuis qu’il a dix ans. « J’ai eu mes premières chèvres à cet âge-là, environ une douzaine à l’époque. C’était pour le loisir », raconte-t-il. L’ironie a voulu qu’il soit le seul dans sa famille d’agriculteurs à aimer le fromage de chèvre, même s’il doit l’amour de cette fabrication à son grand-père qui l’a formé tous les étés. « Mes deux sœurs m’aident à leur façon, en prenant de belles photos par exemple pour mettre en avant l’activité sur les réseaux sociaux ou directement sur Locappy, la plateforme d’achats gratuite mise à disposition depuis le premier confinement.
Aujourd’hui, le troupeau a grandi et atteint 47 chèvres, 2 boucs et 97 chevreaux ! L’éleveur en garde une vingtaine mais revend les autres. Dans les boxes, les nouveaux nés affluent aux portes pour venir voir si les visiteurs ont, à tout hasard, quelque chose à leur donner à manger. Louis Martel reconnaît « qu’il n’a pas beaucoup de temps pour organiser des portes ouvertes mais que les rares classes qui ont la chance de voir la traite sont toujours ravies ».
Le fromager formé dans les Vosges et dans le Jura est souvent sur les routes et notamment sur les marchés, sa principale façon de vendre ses fromages (frais, aromatisés, cendrés, etc.). Il en fait trois par semaine et revend aussi grâce à des petites épiceries du coin. « Je préfère ce système que la grande distribution. Quand je n’ai plus certains fromages, les épiceries le comprennent », souligne-t-il.
Pour lui il est primordial de respecter le rythme naturel des animaux et le cycle de la chèvrerie. Il n’y a par exemple pas de fromages en décembre et en janvier, car les chèvres n’ont pas de petits. « On peut désaisonner les troupeaux, c’est-à-dire faire croire aux chèvres qu’elles sont dans une autre saison. Elles sont très sensibles à la lumière donc on peut les mettre dans le noir pour décaler leur rythme ou encore les booster aux hormones. Mais ce n’est pas trop ma conception de l’élevage », affirme-t-il.
Les clients doivent donc patienter un peu pour trouver du fromage frais et ils sont généralement « contents de retrouver Louis et ses chèvres » au printemps. Même si Louis ne peut pas demander l’avis de ses parents pour ses nouveaux fromages (puisqu’ils n’en mangent pas), il sait qu’il peut compter sur ses clients, fidèles au rendez-vous depuis sont installation en 2019