Dès la porte d’entrée le ton est donné dans la boutique de vêtements de Marie-Laure Gravier à Mirecourt. Les coloris plein de peps ont envahi depuis toujours les murs et les portants de Voiles d’Ambre. « Nous avons besoin de couleurs, de vie, de bonne humeur », défend la patronne pleine d’énergie.
Cette ancienne cheffe de cuisine a vadrouillé partout en France, de Paris à Nancy en passant par le sud. Mais, en 2006, elle a décidé de se lancer un nouveau défi : devenir sa propre patronne et se reconvertir dans la mode. Chaque année elle se rend au moins à trois salons pour tester les dernières tendances et remettre en question ses choix de collections. Elle tient ainsi une belle affaire depuis maintenant seize ans. « Je me remets systématiquement en cause, je réfléchis, je m’adapte », livre-t-elle.
Cette femme au caractère déterminé et positif a le sens du détail, en affaires comme un décoration. Avant de s’installer durablement elle avait par exemple testé son marché en installant une boutique éphémère pour voir si son concept prenait. « Si j’avais vingt ans de moins j’ouvrirais d’autres commerces à Mirecourt », assure celle qui a commencé à travailler à 16 ans.
Dans sa boutique, les clients viennent avant tout pour du conseil. Pas question de faire comme les grandes chaînes, au contraire elle veut se démarquer. « La plupart de mes clientes ne regardent même pas les rayons, elles me disent qu’elles ont un mariage, une sortie, une envie de changement et on regarde ensemble ce qui leur correspond. » La gérante change régulièrement les vêtements de place pour toujours laisser l’espace en mouvement.
Marie-Laure mise aussi sur les marques européennes, si possibles françaises, même si elle reconnaît que « les portugais sont très forts en ce moment pour sortir de belles collections ». La mode éthique ce n’est pas juste dans l’air du temps, c’est un choix qu’elle a fait depuis longtemps. L’approvisionnement coûtera de plus en plus cher donc il me semble que ce pari n’était pas mauvais », sourit-elle. Elle essaye de trouver des textiles moins gourmands en eau, comme le lin.
Mère de trois enfants, elle aime s’émerveiller des petites choses et explique que « voir ne serait-ce qu’une fleur s’ouvrir cela peut faire le bonheur de sa journée ». Derrière ses grandes lunettes or et noir, ses yeux bleus pétillent de bonne humeur. « Je me mets progressivement à internet et aux réseaux sociaux. On y va petit à petit, pour ne pas être dépassée. Et finalement ça devient presque un automatisme », reconnaît la patronne de 59 ans, qui n’a pas encore dit son dernier mot.